Les championnats de France de cross en novembre, du jamais vu. Initialement programmé en mars 2020, ce rendez-vous national a connu bien des déboires. Annulée pour cause de confinement général, cette compétition nationale fut reportée l’année d’après, puis, la pandémie touchant toujours la France, la décision de reporter à nouveau cette manifestation a été prise et, c’est donc novembre qui a reçu les faveurs des instances fédérales. Un décalage inédit, exceptionnel, qui restera marqué dans les mémoires, sauf si cette situation sanitaire se prolonge à nouveau.
Fin octobre, Pontcharra accueillait les régionaux de cross sélectifs pour l’ultime épreuve que sont les « France ». Résultats, deux équipes qualifiées et cinq individuels soit un total de treize athlètes sélectionnés pour Montauban, c’est juste formidable mais il reste quinze jours avant l’échéance nationale.
Samedi 13 novembre, départ pour le Tarn et Garonne. Un peu plus de sept cent bornes à avaler pour découvrir l’hippodrome de Montauban. Deux véhicules sont nécessaires pour emmener les dix athlètes (le mini bus + une voiture). Trois désistements sont à noter parmi les qualifiés initialement prévus. Nous prenons la route direction le Massif Central, et la région de l’Occitanie. Huit heures de trajet avant d’arriver sur le lieu de la compétition. Ce sont Pascal et Johan qui assurent le transport. Arrivés sur place, retrait des dossards, repérage du parcours et il est temps d’aller prendre possession des chambres. A 19 heures, athlètes et encadrants se restaurent et il est l’heure d’aller au lit, demain c’est le grand jour. Pour huit d’entre eux, ce sera une découverte car jamais ils n’ont pris part à une telle compétition avec autant de coureurs de renom dont Jimmy Gressier pour ne citer que lui.
Dimanche, le petit-déjeuner pris, direction l’hippodrome. Contrôle des bracelets à l’entrée, contrôle des sacs, contrôle des pass sanitaire. L’ambiance est bonne malgré quelques crispations. Le jour tant attendu est arrivé! Pas de tente, pas de box pour se changer, simplement une bâche pour déposer les sacs. Les premières à partir sont les cadettes, et, les courses vont ainsi s’enchaîner jusqu’à 14 h 05, heure du départ du cross court hommes. Le terrain est boueux par endroits, avec montées, descentes, passages de rivières creusées pour la circonstance. Un vrai parcours de cross.
10 h 25, 325 cadettes sont sous les ordres du starter. Les évianaises sont au box 21. Une règle d’or, il faut faire un départ ultra rapide pour ne pas rester enfermées. Les filles vont tenter de s’extirper rapidement tout comme la totalité du peloton. Devant cela va vite. Les trois cadettes d’Off Course essaient de se frayer un passage en doublant leurs adversaires. Les favorites sont à l’attaque, les évianaises, elles, se battent avec leurs armes. Les encouragements venus des supporters présents, les motivent. A ce niveau de compétition, une place est une place. Il y a certes un classement individuel mais aussi, le classement par équipe. Pour Evian Off Course, pas d’équipe mais trois filles valeureuses qui ont obtenu un résultat d’ensemble correct car c’était une première. Résultats: Pauline Ohl 123e en 20’04 – Alys Mathonnet 162e en 20’27 et Lilou Menu 246e en 21’24.
Une heure plus tard, les cadets Théo Leite et Jules Chauvin se sont élancés sur 5825 mètres. Pour eux aussi, cette compétition est une première. Au départ, 367 cadets pressés d’en découdre. Tout comme les filles, le départ est rapide. Les deux gars réussissent leur départ mais que de monde dans leur foulée! Les espaces entre coureurs sont infimes. Devant, les favoris ont un rythme soutenu. Les deux évianais ne se démobilisent pas, tentant de garder leur position. Dans la dernière ligne droite qui mène à l’arrivée, les cadets sprintent pour grappiller encore quelques places. Théo se classe 122e en 21’23 et Jules prend le 258e rang en 22’31.
Il est 12 h 05 quand est donné le départ des juniors filles avec seulement 156 concurrentes dont deux évianaises, Margot Guepratte et Solène Millet qui occupent le box numéro 7. D’entrée de jeu, le ton est donné. La cadence est élevée. Au bout de ces 5323 mètres de course, une qualification pour le championnat d’Europe de cross à condition de faire partie des quatre premières à l’arrivée. Margot, partie rapidement, se retrouve parmi les vingt premières du peloton. Solène est un peu plus loin. Les groupes se forment. Margot, légèrement distancée, se rapproche doucement d’un groupe et comble le retard. A l’approche de la ligne, elle donne un dernier coup de rein, terminant à la 21e place de ce championnat de France en 18’36. Quel changement pour Margot! En l’espace de quinze jours, la jeune fille a montré un visage différent, plein de détermination. Quand on sait par où elle est passée en un an, on peut dire que la jeune femme a réussit son ultime sortie chez les juniors filles. Quant à Solène, dont c’était aussi une première, elle s’est bien battue, ne lâchant jamais ses efforts. Elle termine 104e en 21’05 avec beaucoup de mérite.
Et que dire de Matthieu Ducrettet? Toujours jovial, toujours avenant, Matthieu n’a pas la prétention de faire parti des favoris mais il est toujours là avec sa bonne humeur et sa gentillesse. Plus de 300 juniors étaient au départ sur une distance de 7573 mètres à parcourir. Dès le coup d’envoi, la meute se lance, avide de décrocher une bonne place. Pour Matthieu, cela va trop vite, mais il ne baisse pas les bras. A chaque tour, les encouragements fusent de toutes parts. La holà faite à son encontre dans l’ultime tour l’aide va même le pousser à se surpasser pour doubler un concurrent. Pour une première participation, le jeune homme se classe 308e en 32’41. Matthieu ne joue pas les premiers rôles mais sa personnalité attachante vaut tous les podiums.
Pour terminer avec les épreuves du jour, le cross court masculin. Deux seniors au départ pour un parcours de 4370 mètres. Dès l’entame de la course, et sous l’impulsion de Jimmy Gressier, le rythme est élevé. De loin, on a l’impression de voir des mobylettes ultra rapides! On a le sentiment en les regardant, qu’ils ne respirent plus, que ce sont de vrais rouleaux compresseur. Les athlètes ne se font pas de cadeaux. On joue des coudes, on sert ses adversaires contre les barrières. En moins d’un quart d’heure, la course est actée. Où en sont les évianais dans tout çà? C’est Johan Chibko qui arrive à tirer son épingle du jeu. Le leader des seniors a déjà participé à un tel évènement (Plouay). Les départs rapides, il connaît. S’extirper d’un peloton fourni, il sait faire. Mais là, les 318 athlètes font du corps à corps, pas de place à l’attendrissement. Il faut se sortir de cette nuée de coureurs. Bousculé de toute part, Johan se livre à une belle bagarre et, à l’approche de l’arrivée tente d’accélérer pour terminer parmi les cent premiers de ce classement. Il finit 106e en 15’40. Pour Victor Germain, c’est une première. Lui, le spécialiste du cross long, souffre sous l’effet d’une cadence intense mais il s’accroche. A chaque tour, il gagne quelques places mais le retard est difficile à combler, cependant, Victor est un battant qui va limiter les dégâts, se classant 249e en 16’45. A l’arrivée, les deux garçons étaient un peu déçus mais il ne faut pas oublier que participer à cette compétition nationale n’est pas donné à tout le monde et, qui sait si en 2022 ils feront partis des qualifiés pour les Mureaux, lieu des prochains « France » de cross?
Il est 15 h 30. Il faut repartir en Haute-Savoie, avec un détour par Lyon pour déposer Théo à sa faculté. Un retour égayé par des des chansons, des blagues, le tout dans une ambiance bonne enfant. A l’arrière, Matthieu, Lilou, Solène, Jules et Théo font leur devoirs. Victor prend le volant et le rendra à Marin. Il est minuit quand tout le monde arrive à destination après un week-end merveilleux, apprécié par tous les participants.
Place au repos pour ces sportifs avant de repartir pour une nouvelle saison de cross. Merci à Marine Ohl pour les photos.