Ne dit on pas : un seul être vous manque et tout est dépleuplé ? Ce dicton semble banal mais avec le confinement que nous venons de vivre, il a eu toute son importance ce mercredi soir. Privés de stade depuis le 17 mars dernier pour cause de Covid 19, les athlètes n’ont jamais cessé de s’entraîner avec les moyens qu’ils avaient à disposition. Contactés par l’organisateur du meeting de Genève pour participer à cette compétition, l’enthousiasme, dans premier temps, gagnait les athlètes. Mais une question était sur toutes les lèvres: comment faire pour se rendre en Suisse avec la fermeture des frontières? Pauline partie avec son papa le matin même retrouvait ses camarades le soir même au stade du Bout-du-Monde. Accros à la compétition mais interdits de la pratiquer depuis plus de trois mois, les six évianais engagés à ce meeting classé C, ont savouré avec délectation ce moment de pur bonheur. Fouler à nouveau le tartan, après cette longue période, comblait le manque ressenti ces derniers mois. Retrouver la compétition, retrouver les copains était essentiel. Dans quel état de forme se trouvent les athlètes? Le travail en amont a-t-il porté ses fruits? Tels étaient les points d’interrogation de chacun. Pour le savoir, une seule réponse, prendre part à un meeting et, faire un premier bilan de cette reprise tant attendue.
Pour sa première participation sur 800 m, Pauline Ohl partait un peu vers l’inconnu. Comment gérer ce type de course? Comment faire face à la concurrence? Deux tours de piste c’est rapide, pas le temps de tergiverser. Un départ rapide. Le premier tour est déjà avalé. Il ne reste plus que 400 m à Pauline. Les filles sont à quelques encablures mais le rythme est soutenu. La cadette se bat courageusement mais ne peut pas rivaliser avec ses concurrentes se donnant malgré tout à fond. Son temps: 2’36″56. Un peu déçue de sa prestation, Pauline mais relativise. Premier 800 m, premier chrono, premier retour à la compétition. Il ne faut pas dramatiser. La prochaine fois, (si prochaine fois il y aura) elle tentera d’améliorer ce chrono.
Voici le résumé de Pauline au lendemain de cette reprise :
« Je suis contente d’avoir retrouvé la compétition, le stade, d’avoir remis le maillot pour une épreuve officielle. J’ai un sentiment partagé sur ma course. Si j’avais été engagée sur la deuxième série (chrono d’engagement moins rapide) et levée plus tardivement (et non 5 h), j’aurais certainement fait mieux. Mais avec des SI, on refait le monde! Malgré tout,je suis satisfaite de mon temps et du travail fourni pendant le confinement. Cependant, j’ai hâte de remettre un dossard et descendre mon chrono réalisé à Genève. Au final, je suis heureuse d’avoir retrouvé la compétition et son stress, d’avoir porté les couleurs du club et, peut-être que la prochaine course se fera sur une distance différente?
Margot Guepratte, médaillée de bronze lors des derniers championnats de France en salle cet hiver, avait hâte d’en découdre avec la compétition. Elle aussi, a bien travaillé pendant le confinement. Elle n’est pas restée inactive, bien au contraire. Accompagnée de son papa, ses séances se diversifiaient entre préparation physique, travail de haies, sprint ou footings longs. Elle aussi, elle désirait ardemment retrouver le chemin du tartan. L’annonce de ce meeting arrivait à point nommé! Elle allait enfin savoir si les entraînements allaient être bénéfiques. Engagée sur le 1500 m, la junior évianaise, deux ans après son premier 1500 m à Bonneville, a réalisé au stade du Bout du Monde une excellente performance concluant les trois tour et demi en 4’34″18 soit un chrono de « national 3 » qui la hisse en tête du bilan français avec l’obtention des minima imposés par la fédération pour le championnat de France prochain, de bonne augure certainement pour la suite de cette saison pas comme les autres! Partie rapidement, quatre filles se détachent immédiatement du peloton scindant la course en deux. Après plus d’un tour, Margot prend les devants. A 500 m de la ligne, l’athlète suisse remonte à la première place et semble accélérer. Derrière les écarts se creusent. Il reste à peine 300 m. L’allure augmente. Margot, déterminée, trouve l’énergie nécessaire pour maintenir sa place et décrocher un superbe chrono. Le travail a payé mais il reste encore quelques points à améliorer.
Tout comme Pauline, voici le ressenti de Margot, athlète internationale :
Le seul 1500 que j’ai fait c’était il y a deux ans. Pour moi, c’était vraiment nouveau comme tempo, distance, allure. Pour moi, l’objectif était surtout de rechausser les pointes, de renouer avec la compétition sur piste et prendre du plaisir. Je peux dire que les entraînements confinés et le travail accompli durant cette période ont été positifs. J’ai eu plaisir de recourir, de revoir les copains. Sur les aspects techniques de ma course, j’ai eu du mal à trouver le bon tempo. l’objectif était de passer sous la barre des 4’30 mais nous étions déjà en retard au passage du 1000 m, mais, je finis mon dernier 400 m en 1’09! Donc si j’arrive à maîtriser mon tempo, je serais capable d’améliorer mon chrono. Un détail qu’il va falloir travailler dans les mois à venir. En conclusion, je suis heureuse d’avoir retrouvé la compétition et l’adversité.
Quatre gars entouraient les deux demoiselles lors de ce premier rendez-vous d’après confinement. Eux aussi, ils ont, lors de cet intermède, continuer à s’entraîner tout en respectant les consignes mises en place. Revenir à la compétition était la récompense logique d’un tel investissement. Tout comme les deux filles, difficile de se positionner sur sa condition physique. Un seul moyen, retour à la compétition. Comme leurs homologues féminines, les garçons se sont confrontés sur la même distance, le 1500 m et dans la même série. Favori de la course, Romain Wyndaele partait confiant, peut-être un peu trop. Ils sont seize au départ. D’entrée de jeu, Romain prend la course à son actif, derrière Johan Chibko lui emboîte le pas suivi d’un concurrent du CHP Genève. Les deux garçons font le forcing pour se défaire de leur adversaire mais celui-ci tient bon. Un peu plus loin, Antoine Aflalo et Paul Hardivillé tentent de limiter la casse mais devant la course va vite. A 300 m de l’arrivée, le genevois se positionne en tête, mais c’était sans compter sur le superbe final des deux évianais et à la surprise générale, c’est Johan (3’57″63) qui franchit la ligne juste devant Romain (3’57″66), trois centièmes les séparent. Dix secondes plus tard, les deux juniors en terminent. Antoine 10e et 3e junior en 4’09″46 et Paul 11e et 4e junior en 4’11″44. Si les deux juniors et Johan étaient satisfaits de leurs chronos, on pouvait voir un peu de déception dans les yeux de Romain. Cette course de rentrée a permis de faire le point. Les athlètes sont prêts mais le manque de compétition s’est quelque peu fait sentir et les conditions météo n’étaient pas au top.
Comme pour Margot et Pauline, les garçons avaient reçu un mail pour faire un résumé de leur soirée.
Voici le petit mot de Paul :
Après quatre mois d’inactivité, retrouver la piste était top surtout sur une nouvelle distance pour moi : le 1500 m. Course difficile, après le départ j’ai un peu relâché à mi-course et sur la fin. En dépit de sentiments mitigés, le 1500 m m’a beaucoup plus et, je n’hésiterai pas à en refaire un et, surtout, comment ne pas apprécier de courir dans une telle ambiance entre « potes » et le plaisir de revoir le coach. Merci à Pascal, Sebastien et Bernard pour leurs encouragements sans oublier Philippe notre photographe.
et celui de Johan :
Avec les copains, nous sommes partis décontractés, n’ayant pas l’impression de nous rendre à une compétition. En cette période un peu troublante, participer à un meeting est un privilège. A tête reposée, un drôle de sentiment m’envahit. Je suis partagé entre l’insatisfaction de ne pas être dans un grand jour et la joie d’un chrono réussi puisque je suis à une seconde de mon record personnel. Je me suis presque senti perdu sur l’anneau en tartan ayant perdu tout repère depuis un peu plus de trois mois sans fouler la piste ou même la voir (sauf en photo) cependant, un sentiment positif persiste en moi pour les échéances à venir.
Les photos en cliquant ICI. Merci à Philippe