Message de Monsieur André Giraud, président de la Fédération Française d’Athlétisme
Brutalement, le 17 mars, nos vies ont changé et l’activité de nos clubs s’est arrêtée. Rapidement nous avons compris que ce ne serait pas une simple parenthèse et que nous vivions une situation inédite, historique et mondiale.
A tous les échelons nous avons dû d’abord nous organiser : informer nos adhérents et nos bénévoles, suspendre nos activités pour certains, organiser de nouvelles formes de travail pour d’autres. Puis très vite nous avons compris que l’athlétisme que nous connaissions et que nous aimions, allait changer et devrait changer. L’annulation de tous les événements, petits et grands, qui faisaient vivre un grand nombre de nos clubs, a affaibli notre modèle économique et sportif. L’athlétisme nous a tous tellement manqué et nous nous sommes aperçus à quel point il était vital de nous retrouver autour des stades, sur les routes, dans les montagnes et les forêts…et de partager lors des déplacements, stages et compétitions dans les clubs.
Ce 11 mai, l’État engage une première phase du déconfinement et l’athlétisme va devoir réapprendre à vivre avec de nouvelles règles, des contraintes, bien sûr, mais avec la volonté farouche de faire grandir à nouveau notre passion. Cette passion va bien au-delà de l’activité physique et tient davantage de l’humain et du partage. Durant le confinement, les pratiques les plus visibles ont été la course à pied, la marche… Ce besoin de se dépenser, de garder un peu de liberté autour de chez soi, nous a démontré que notre sport restait sans doute celui qui est le plus simple à pratiquer, le dernier refuge des sportifs contraints par la crise sanitaire. Quand réussirons-nous, avec ce potentiel incroyable, à transformer notre offre afin qu’elle réponde davantage aux besoins de nos concitoyens ? C’est notre 1er challenge !
Le 11 mai, c’est le point de départ d’un fonctionnement nouveau : rien ne pourra plus être comme avant et ne devra plus être comme avant. Nous n’allons pas reprendre là où nous nous étions arrêtés. Pendant plusieurs mois encore, nous allons d’abord devoir nous adapter à des règles très strictes et contraignantes. De plus, ces 2 longs mois ont permis à beaucoup d’entre nous d’avoir un temps de réflexion et de prise de recul. Certains se demandent s’il n’est pas temps de repenser nos activités et notre mode de fonctionnement qui appartiennent désormais à « l’ancien monde ». J’ai été un acteur de ce monde mais je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut changer. C’est aussi mon rôle en tant que Président de fédération olympique de m’interroger et de vous proposer un athlétisme de « l’après Covid-19 ». C’est une question de survie pour notre sport, même à très court terme !
Des fonctionnements nouveaux vont devoir se mettre en place progressivement si nous voulons continuer à assurer notre mission de service public. Nous serons là, avec toutes les équipes de la Fédération, pour vous accompagner dans cette transition. Nous ne pourrons plus nous contenter de demi-mesures, de légères modifications ici et là. Notre organisation est riche de passionnés et d’experts mais nous croulons sous la lourdeur administrative et nous ne sommes pas suffisamment souples comme l’exige désormais notre société.
Nous n’allons pas renier nos valeurs fondées d’abord sur l’humain. Nous n’allons pas engager ces travaux sans concertation et nous allons devoir agir vite avec des fondamentaux qui guideront le vaste chantier qui s’ouvre aujourd’hui.
Les clubs d’athlétisme vont pouvoir rouvrir leurs portes avec une envie spontanée de recommencer comme avant. C’est très compréhensible et c’est nécessaire pour tout le monde. Le bouleversement du calendrier sportif va tous nous perturber, c’est justement l’occasion de changer nos routines.
C’est la mort dans l’âme que nous avons pris la décision d’annulation des Championnats d’Europe alors que tant de personnes se sont investies, mais l’enjeu sanitaire était trop important et l’idée que la Fédération, ses membres, ses licenciés en subissent les conséquences, nous était insupportable.
Il est temps de revenir à notre raison d’être, à l’accompagnement de nos structures et de transmission de nos valeurs qui nous font tous grandir et donnent du sens à notre quotidien.
Nous souhaitons que la Fédération donne un nouveau souffle au monde du sport. Nous en avons les capacités, l’expérience, la formation, les hommes et les femmes et sans aucun doute les valeurs pour construire le club et les modes de pratique d’après crise. Nous allons vous aider à prendre part à cette transformation : en rassurant d’abord les licenciés sur le fait que nous allons tout mettre en œuvre pour la sécurité sanitaire de notre famille toute entière, grâce notamment à des supports d’informations explicites, mais aussi en vous proposant de travailler ensemble à de nouveaux dispositifs.
Nous travaillons sur un Plan de relance en plusieurs étapes, adapté à la situation, en collaboration avec les Ligues et la Commission médicale prévoyant une saison estivale reportée en septembre-octobre, des recommandations pour la reprise des modules de formation, et chaque fois que cela sera possible, la continuité de l’animation des clubs pendant l’été. C’est dans ce cadre que nous aurons besoin de vous interroger régulièrement à travers des questionnaires simples et rapides, afin de collecter vos idées pour répondre au mieux aux attentes.
Nous sommes convaincus de votre engagement et de votre envie… et nous comprenons les freins qui peuvent être les vôtres. Nous allons tout mettre en œuvre pour instaurer un dialogue constructif avec l’État et ses organes déconcentrés, avec les élus locaux, et trouver les solutions adaptées à chaque situation. Cette période sera riche d’expériences et d’initiatives pour l’ensemble de la famille de l’athlétisme.
Enfin, je terminerai ce message avec une pensée pour le grand nombre de dirigeantes et de dirigeants passionnés et leurs familles, que le Covid-19 a emporté. Unissons-nous en mémoire de toutes les victimes de cette pandémie qui ont participé à la construction de notre athlétisme.
Soyons au rendez-vous et continuons à nous protéger !
André GIRAUD
Président de la FFA